Ce que la pluie m’a dit
La Bretagne est connue, et je dirais même célèbre, pour son crachin, sa pluviométrie importante et son ciel, qui pratique en peintre virtuose toute la gamme des gris! Pourtant cet été, la Bretagne a connu une sécheresse sans précédent, et des épisodes caniculaires qui nous ont laissés la langue pendante. Quand, dans la nuit de samedi à dimanche, la pluie tant attendue a commencé à tomber avec parcimonie, j’ai entendu ce qu’elle me chuchotait doucement.
La pluie est une chance
Cette année, durant plusieurs mois, la sécheresse s’est installée en Bretagne. L’hiver a été peu pluvieux, et à partir d’avril, le temps s’est mis au beau, avec quelques rares épisodes humides. L’été arrivant, les périodes de canicule se sont succédées, en France, mais aussi en Bretagne, ce qui est plus rare.
Peu à peu, on a vu la nature se flétrir par manque d’eau. Les mares se sont asséchées. Les endroits toujours humides se sont craquelés sous l’effet de la chaleur. Les oiseaux et toute les créatures – nous compris – ont commencé à trouver qu’il faisait bien trop sec. En passant à pied ou en voiture dans les endroits ombragés, où d’habitude régnaient fraîcheur, humidité et odeur de mousse, on ne ressentait plus rien d’autre que le chaud, le chaud, et encore le chaud. L’atmosphère ressemblait à un salon de coiffure quand tous les sèche-cheveux sont en marche…
Tout à notre obsession de chaleur et de confort, voire à la croyance assez répandue que soleil = bonheur, nous avions oublié à quel point la pluie est nécessaire à notre bien-être, à la luxuriance d’une nature prodigue en fleurs, en fruits, en céréales, en parfums. Une nature qui sert aussi de refuge et d’habitat à toutes les créatures à plumes, à poils et à peau pustuleuse.
Je ne me plaindrai plus de la météo
Je suis comme vous : ça me saoule quand il pleut! Je râle. Je sors quand même, mais parfois, après une semaine ou deux où le ciel s’est déchaîné, j’en ai vraiment assez. La pluie, quand elle s’installe, contrarie nos plans et nos envies de sorties. Elle mouille nos chaussures, nos vêtements et rend nos excursions difficiles. Le ciel est gris, et pour peu qu’on ait le moral en berne, on a l’impression qu’un camouflet météorologique nous est infligé!
La péninsule armoricaine est connue pour ses crêpes, ses costumes traditionnels et ses ciels liquides. Certains refusent d’y mettre les pieds par peur d’être mouillés. Alors c’est vrai, la pluie contrarie notre petit confort, notre plaisir de sortir peu couverts et la tête nue. La pluie empêche les pique-niques, les après-midis à paresser sur la plage et les petits-déjeuners dehors. Elle s’infiltre, se glisse et pénètre jusqu’à l’os parfois. Elle oblige à se munir d’une épaisseur supplémentaire, au cas où. Ciré, bottes, poncho, parapluie : il nous faut toute la panoplie pour faire face aux surprises de la pluie…
Mais sans pluie, que devenons-nous?
Nous sommes partie prenante d’un système
Il faut le rappeler encore, parce que pour certains, ça n’a rien d’évident : nous faisons partie d’un système, d’un éco-système et si la pluie vient à manquer, ce sont des animaux qui meurent, des plantes qui se dessèchent, des récoltes qui flétrissent et des hectares qui partent en fumée. Ce que la canicule et ses effets nous ont rappelé, c’est que nous somme tous interdépendants. Que rien n’est donné et que si l’on ne fait pas attention, que si l’on ne prend pas soin, alors tout fout le camp! Et ça met tout le monde en danger. Les ravages de la chaleur peuvent conduire à des pénuries en eau, en denrées alimentaires. Et ces pénuries conduire à des hausses de prix, qui elles-mêmes mettent en danger les plus fragiles…
Nous avons besoin les uns des autres.
Sans les agriculteurs qui ont ravitaillé les pompiers en eau, sans les pays étrangers, la Grèce et la Suède, qui ont envoyé des avions en renfort, les incendies ne seraient peut-être pas encore fixés. C’est plus de 2500 hectares qui ont été brûlés rien que dans les monts d’Arrée. C’est sans doute un des tristes records de cet été, avec les températures délirantes qui frisaient les 40 degrés et les ravages des flammes ailleurs en France et en Europe.
Avoir besoin les uns des autres, c’est aussi ne pas tout sacrifier à l’orthodoxie économique qui veut que ce qui ne sert que de temps en temps soit supprimé, parce que cela représente des dépenses inutiles. Or, on ne vit pas dans l’économie, mais dans le réel.
Les pompiers, comme le personnel médical il y a peu, ont été sur-sollicités et encore une fois, le système ne tient que grâce à la bonne volonté et au dévouement de quelques uns. Au sommet, on bombe le torse, on se félicite de la “gestion de la crise”, on tient bon sur la suspension des “non-vaccinés”, mais il n’y a pas de quoi pavoiser. Ça fait trente ans que l’on crée les conditions pour que ces drames se produisent. Trente ans que l’on coupe, taille, et sape au nom de sainte Economie.
Nous demander de faire des efforts, c’est justifié. Mais si en amont, on créait les conditions optimales pour pouvoir faire face en cas de coup dur, d’imprévu, de catastrophe, ce serait encore mieux. Car, comme le disent les anglo-saxons, shit happens. Et une fois qu’on est dedans, il n’est plus l’heure d’apprendre à nager…
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J’aime ce “shit happens !”. Et comme toi, je m’offusque des pensées bien pensantes de nos hommes politiques, de leurs petites phrases qui tour à tour veulent nous angoisser, nous culpabiliser ou nous mettre la pression, ou les dédouaner…
Les arbres ici sont tout rouillés, assoiffés, et cela a été le même constat partout où nous sommes passés cette été.
On nous demande de restreindre notre consommateur, d’être vigilants, mais on arrose les golfs, on éclaire les villes la nuit, on prend l’avion comme la voiture… et j’en passe…
Je suis fatiguée de tous ces discours, énervée de cet immobilisme de nos dirigeants et de leur hypocrisie. J’aimerais me poser enfin dans mon petit coin de Bretagne (celui qui m’attend, mais dont je ne sais toujours pas où il est !) et profiter de la nature, de la pluie, du vent, du soleil, de la mer. Partir de la ville, changer mon mode de vie, mes habitudes, me recentrer… Bientôt !
Oui, très bientôt! Je l’espère pour toi, car ayant la chance de vivre ces deux expériences – la mer et la campagne – je vois à quel point c’est nourrissant, à quel point ça fait du bien au corps, au mental et au cœur. Les leçons reçues de ceux qui ne savent même pas comment les gens vivent n’ont aucune validité. Allez, on croise les doigts pour que tu trouves ton coin de paradis qui sent l’iode et les embruns! Bises