Voler comme un(e) artiste

Nous voici déjà en septembre! Traditionnellement en France, c’est la rentrée littéraire. Alors pour l’occasion on va parler livres. Cette semaine, j’aimerais vous présenter le livre d’Austin Kleon, Voler comme un artiste.

Austin Kleon est un auteur et artiste américain qui aborde, à travers ses écrits, la créativité dans le monde d’aujourd’hui. Son autre livre s’intitule “Montrez votre travail” (Show your work). Vous trouverez un lien vers son site au bas de cet article.

Austin Kleon, auteur de Voler comme un artiste

“Je suis un auteur qui dessine. Je crée de l’art avec des mots et des livres avec des images. “

Photo : Clayton Cubitt

Alors, que nous dit Kleon dans son livre? Quels sont les conseils qui pourraient vous être utiles, à vous qui créez, d’une façon ou d’une autre, peu importe le stade où vous en êtes. C’est ce que je vais essayer de résumer pour vous aujourd’hui.

Pour qui?

Austin Kleon, au début et à la fin de son ouvrage, nous met en garde : la collection de conseils qui parsèment son livre s’adressent avant tout à une version antérieure de lui-même, celle qui aurait bien eu besoin de ces idées quand il a débuté. Il assure que ces idées s’adressent à tous, artistes ou non, tous ceux qui cherchent à mettre un peu de créativité dans leur vie.

Que voler?

Partant du principe que rien n’est original, la première chose à faire c’est de savoir quoi “voler”. Tout ne se vaut pas en la matière. Mais à la base, toute nouvelle idée est un mélange remixé d’anciennes : le but est donc de savoir lesquelles on veut garder et utiliser.

  • Qu’est-ce qui m’inspire?
  • Qu’est-ce qui résonne en moi?
  • Qu’est-ce qui m’obsède?
  • Quels livres, films, musiques, poèmes, rêves, éléments, paysages, personnes peuplent mon petit panthéon personnel?

C’est à partir de cela que la création va pouvoir se faire. C’est en quelque sorte là que je vais trouver le terreau nourricier de mes idées.

Tout cela, je peux le consigner, d’une manière ou d’une autre. Emporter avec moi un petit carnet, de quoi prendre des photos, et à chaque fois que je vois quelque chose qui fait “ding”, je note, je compile, j’amasse, je collecte. Je n’ai pas besoin de savoir ce que je vais en faire. L’important d’abord, c’est de collecter de la matière, dit Austin Kleon, comme bien d’autres artistes.

N’attends pas de savoir qui tu es pour commencer.

Le risque c’est d’attendre d’avoir un projet tout ficelé pour commencer. Que celle qui n’a jamais fait ça lève le doigt!

Ce ne sera jamais le cas, parce que c’est impossible. Alors comment faire? Eh bien se jeter dans l’eau, et essayer des trucs. Faire des prototypes, lancer des idées en l’air et voir qui les rattrape. Bidouiller, assembler, coller ceci et avec cela, même si ça fait un monstre.

Pour commencer, copier est donc une bonne idée. Non pas copier littéralement, mais comprendre la réflexion qui se cache derrière le style de l’artiste qu’on admire. Beaucoup de musiciens de jazz par exemple apprennent en copiant certaines phrases musicales de leurs jazzmen favoris. Non pas pour faire la même chose, mais pour saisir par quels doigtés ou quelle forme d’improvisation ils parviennent à donner une impression de fluidité par exemple, ou au contraire à jouer avec les silences pour donner plus d’intensité.

Donc copier non pas pour plagier, mais pour comprendre.

Ecris le livre que tu aimerais lire

En disant cela, Austin Kleon veut nous inciter à dépasser la paralysie qui peut nous saisir à l’idée de nous lancer, ou le syndrome de l’imposteur qui nous prend parfois. Aller vers ce que l’on aime, c’est encore la manière la plus facile de faire le premier pas. Tu aimes les vaches? Eh bien, joue à Rosa Bonheur. Tu aimes les fleurs? Dessine celles de ton jardin. Tu es fascinée par le mouvement de l’eau sur les pierres? Fais ça. Dessine, enregistre, photographie, coupe et colle… Tout peut être source d’inspiration quand on y réfléchit. Son intérieur, son chien, son mari, ses pantoufles et même le linge qui sèche sur le fil…

L’importance des hobbies

La chose la plus importante que Kleon a apprises au long de sa carrière c’est ç : ce sont les projets qu’on mène sur le côté qui décollent… Il est partisan non pas de se concentrer sur une choses, mais d’en développer plusieurs. Ainsi quand tu te lasses de l’un, tu peux t’attaquer à l’autre, dit-il.

Il recommande aussi de pratiquer la “procrastination productive”. Les personnes créatives ont besoin d’un temps “vide”, où elles ne font rien. C’est le moment de repasser vos chemises, dit Kleon, ce qui laissera de l’espace à votre esprit pour vagabonder. Ou de nettoyer votre salle de bain. Ou de cirer vos chaussures (pas celles des autres hein!). Ou de repriser vos chaussettes. Mais qui reprise encore ses chaussettes?

Du bon travail qu’on partage avec les autres

Le secret, révèle Austin Kleon, c’est de faire du bon boulot et de le partager avec les autres. (c’est trivial, comme dirait mon plus jeune fils…)

Au début, dit-il, personne ou presque, à part votre mère et votre cousine ne vous verra, ni ne vous entendra. Au lieu de vous désespérez, chérissez cet icognito qui vous permet une grande liberté. Une fois que d’autres commenceront à faire attention à vous, vous ne l’aurez plus.

Donc, dit Kleon, intéressez-vous à un sujet, de préférence un sujet dont personne n’a jamais parlé jusque là et invitez ensuite d’autres à s’intéresser au sujet qui vous passionne.

Bâtis ton propre monde

Parce qu’aujourd’hui, grâce internet, plus personne n’est loin, on peut choisir de qui on s’entoure, dit Kleon. On peut choisir ce qu’on colle sur ses murs, les livres précieux qu’on pose sur sa table de nuit, ce qui va être sous nos yeux et nous inspirer.

Mais ce n’est pas pour ça qu’il ne faut pas bouger de chez soi. Aller voir ailleurs si j’y suis… ce n’est pas formulé comme ça, mais c’est l’idée. Partir à dix ou cent kilomètres, faire un demi-tour de Terre ou simplement un saut de puce, peu importe : débarquer dans un univers non-familier va t’inspirer, te donner des idées, t’obliger à décentrer son regard.

Sois cool et vis bien

Un peu comme s’il avait fallu donner un peu plus de matière, Austin Kleon termine son livre avec des conseils que je qualifierais d’évidents. Ce sont des choses qu’on peut facilement deviner par soi-même, pas besoin qu’Austin intervienne…

Ses conseils ressemblent à cela : sois sympa, le monde est un village. Donc, fais-toi des amis et ignore tes ennemis. Suis les gens qui font vraiment un travail intéressant. Transforme ta colère en énergie créatrice, n’attends pas une validation extérieure. Prends soin de toi et de ta vie, parce que la création ça demande beaucoup d’énergie et si tu passes ton temps à boire jusqu’à pas d’heure avec tes potes en chantant à tue-tête tous les tubes de Dalida debout sur une table de bistrot, ça va pas le faire… (je résume)

La création est affaire de soustraction

La création, c’est aussi ce qu’on laisse de côté, ce qu’on coupe, les contraintes que l’on se met pour ne pas se perdre dans l’univers des possibles.

Et ça c’est une idée intéressante, aussi bien dans la création que dans la vie. Ne pas dire oui à tout ce qui se présente, ne pas suivre la première idée qui nous traverse l’esprit. La soustraction va aussi avec le temps : le temps de la réflexion. Il est important de faire des pauses, pour se demander si ce que l’on fait va dans la bonne direction, c’est à dire celle que l’on souhaite!

Pour terminer

Avec un allant certain, et de l’humour, ainsi que des citations bien trouvées, Austin Kleon a écrit là un livre pour celles et ceux qui veulent créer, mais qui n’osent peut-être pas, ou qui on du mal à aller au bout de leur geste. Par peur du regard des autres, peur de ne pas savoir, manque de direction, etc.

Même si la plupart de ses idées ne sont pas nouvelles (et pour cause, il est le premier voleur!) et relèvent souvent plus du bon sens que de la vraie découverte, l’auteur rappelle quelques évidences qu’il est bon de souligner, et enlève une partie de l’enjeu que tu peux te mettre, toute seule et sans raison, quand tu veux commencer à créer.

Il mérite d’être lu et relu, quand les temps sont durs, quand on se dit que rien ne va plus. Ce livre n’a rien de révolutionnaire ni même d’extraordinaire. Il a juste le bon goût de rappeler que créer, c’est avant tout s’y mettre. Et voilà…

Je vous invite à découvrir aussi mes 10 conseils si vous débutez l’acrylique.

Le site d’Austin Kleon

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