Cette désagréable impression de repartir de zéro

Bonjour et bienvenue dans ce nouveau numéro d’Art/Dim, le brunch créatif pour les artistes.

Après l’effort

Quand l’artiste a terminé sa série de toiles, achevé son manuscrit, joué cent fois en concert sa symphonie, il s’ensuit une période de repos nécessaire. Ce moment de régénération fait partie du cycle de création. C’est un laps de temps pendant lequel on se repose du travail accompli, tout en se préparant à sauter dans le projet suivant. On peut s’arrêter une semaine, un mois ou plus. Les pauses courtes ne sont pas toujours assez bénéfiques, mais on redoute parfois de s’arrêter trop longtemps, par peur de “ne plus savoir”.

Ils ne sont pas rares, les artistes qui redoutent ce moment où, après une pause bien méritées, il faut reprendre le chemin de l’atelier. Helen Frankenthalter exprimait bien cette peur de n’être plus capable de peindre.

Souvent, quand je reprends la peinture après une pause, je panique et ne sais plus où j’en étais restée. J’ai l’impression de recommencer à zéro. Je m’assois et taille des crayons, passe quelques coups de fil, mange de pleines poignées de pistaches, vais nager. Je sens que je veux, que je dois peindre. C’est une agonie. C’est un ennui. Je deviens impatiente et en colère contre moi-même, jusqu’au moment où je sens que je dois commencer et faire une marque, juste une marque. Ensuite, heureusement, je me remets lentement au travail.

Helen Frankenthaler

Dépasser le doute en acceptant d’être de nouveau débutant

Quand on se sent régénéré, quand on a pris une pause suffisante, le chemin de l’atelier s’ouvre de nouveau à nous. Bien souvent, on ressent une sorte d’envie diffuse. On a besoin de créer. Mais voilà, le mental s’en mêle, et offre sa cohorte de doutes et de peurs. Et si on ne savait plus? Et si on n’avait plus rien à dire? Et si ce nouveau travail qu’on va ébaucher était inférieur en qualité au précédent?

Vous voyez le genre de pensées qui peut nous traverser à ce moment-là, et nous ramener à notre premier jour de CP, dans cette nouvelle école où l’on ne connaissait personne et où on se sentait ridicule avec notre cartable trop grand…

Photo de Sherise Van Dyk sur Unsplash

Pour contourner cet obstacle, on peut accepter d’être de nouveau débutant. Débuter, ce n’est pas une mauvaise chose :

  • on peut se montrer curieux de tout, aborder les choses avec candeur et une naïveté émerveillée
  • on peut jouer, se lancer dans une forme d’aventure
  • on peut prendre son temps, musarder, apprécier la progressivité du processus
  • on peut faire des associations inattendues, se surprendre soi-même

Si cette reprise est difficile, il est possible de procéder avec la plus grande douceur en se demandant : quelle est l’action la plus simple, la plus facile que je peux faire à l’instant pour me remettre dans le bain? La réponse sera : essayer ces nouveaux feutres-aquarelles, ranger l’atelier, feuilleter de vieux magazines, assembler des morceaux de peintures mis au rebut…

L’important, c’est de mettre le corps en mouvement. Alors un geste en appelle un autre, et le reste suit… 😊


A écouter

Que met-on de soi sur la toile? Telle est la question que Sabina et moi nous sommes posée cette semaine. Au delà du style, nous abordons la question du degré de liberté que l’on s’accorde, de l’ancrage qui est le nôtre et de l’influence de l’environnement dans lequel nous baignons.

La rue est le médium

Prenez le temps de découvrir cette très intéressante conférence de Laurent Sanchez sur l’art de rue. L’espace public et la manière dont les artistes se l’approprient est une question fascinante. Il y a tellement d’inventivité! L’avenir de l’art est-il en bas de chez soi?


Tomato, tomato…

Je ne sais pas si, comme moi, vous êtes fan de tomates. Dès que la saison arrive, j’en mets presque à tous les repas, tant celles que j’achète chez le maraicher sont délicieuses, fondantes, juteuses!

La meilleure façon de les déguster, c’est peut-être sur une tranche de pain imprégnée d’ail et d’huile d’olive, à la manière italienne. Pour savoir comment faire, suivez la recette d’Edda…


C’est tout pour aujourd’hui!

Je vous souhaite un très bon dimanche! Vous pouvez transmettre cet Art/Dim à vos amis, à vos ennemis, à votre belle-mère et à tous les artistes que vous connaissez. Abonnez-vous si ça n’est pas encore fait.

A très bientôt!

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2 Commentaires

  1. Le petit plaisir du dimanche matin… Je suis sûre que les décisions que tu as prises, ne pas exposer cet été, profiter des joies du quotidien etc…vont te nourrir intensément non ? Suivre son instinct dans ce cas là ne peut-être que bénéfique. Et retrouver la naïveté et la gourmandise du débutant ? Si tu as besoin de conseils avisés, je suis là ! 😅 Je te souhaite un excellent dimanche.

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