Cycles
La vie est un flux perpétuel, et il ne sert à rien de chercher à lutter contre le changement. C’est un combat perdu d’avance. La météo change, de même que l’orientation de nos cœurs, l’intensité de nos passions ou les couleurs de nos goûts vestimentaires.
Pendant très longtemps, j’ai eu beaucoup de mal à supporter tout ce qui finissait : les saisons, les relations, les bons livres et les joyeux moments partagés avec ceux qu’on aime. Je voulais faire durer, je ne voulais pas renoncer. Je rejouais parfois certains moments dans ma tête, comme on suce un bonbon, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien qu’un goût acidulé sur la langue. J’étais têtue. Même quand les signes évidents de rupture étaient là, j’insistais. Je cherchais à rester en contact, à maintenir des liens depuis longtemps désagrégés. Je portais toujours ce vieux pull usé et troué donné par ma grand-mère.
Et puis à force de me cogner la tête contre le réel, j’ai fini par accepter. Il m’a fallu du temps pour me résigner à accepter cette loi de l’Univers : tout passe… mais la fin d’une chose, d’une amitié, d’un engouement, c’est aussi de l’espace et du temps retrouvés pour entamer une autre relation, pour commencer un autre travail, pour se lancer dans une nouvelle activité.
Avec l’expérience, j’ai appris à apprécier ces moments charnières, où une chose s’achève pour mieux laisser la place à la suivante. Je ne sais jamais vraiment à l’avance quelle forme cette nouveauté prendra. Il y a de l’inconnu, de la surprise. Parfois, il faut être patiente car l’attendu se fait désirer. Ce n’est sans doute pas le bon moment, il faut encore mûrir un peu, faire d’autres expériences.
J’aurais aimé que l’on m’explique la richesse et l’éclat que prend soudain la vie quand on parvient à la considérer de cette façon-là, comme un flux, une rivière surprenante, où l’on ne cesse de s’enrichir d’expériences diverses et variées, si on le veut. (Il a des gens qui ne veulent pas. Toute leur vie ils se cognent le front contre le réel, et ils se blessent, encore et encore.) Si on m’avait appris à voir la vie de cette façon, j’aurais sans doute perdu moins de temps et d’énergie à tenter de ranimer des relations en coma dépassé, à poursuivre des activités qui ne faisaient plus battre mon cœur.
Aujourd’hui est aussi un moment de transition, parce que mes expériences et mes goûts m’ont ouvert d’autres voies que j’ai envie d’explorer. Je me sens plus attirée par la transmission de ce que j’ai appris (et continue à apprendre) et l’accompagnement que par une “carrière” dans la peinture. J’ai envie d’imaginer d’autres façons de créer, de se relier, de sensibiliser les personnes à l’importance de la créativité et de l’art dans nos vies. Une sorte de plan commence à émerger des limbes…
Et j’aime beaucoup ce moment où tout semble possible…
Et vous, quel est votre rapport au changement? Sentez-vous ces moments charnières dans vos vies? Comment les vivez-vous?
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Vidéo et podcast
Si l’orientation de mon travail évolue, je continue bien sûr à créer, et à chercher ma voie (et ma voix!) en peinture. Dans cette vidéo, j’évoque le travail réalisé cet été et sur quoi il peut déboucher.
Dans le dernier épisode d’Au cœur de l’Art, Sabina et moi évoquons les relations des artistes. Un sujet vraiment passionnant, que je n’ai pas fini d’explorer. A mon sens, la période dans laquelle nous vivons implique de mieux s’organiser, de s’épauler, et surtout d’inventer d’autres façons de se relier à la société.
Miscellanées

Que les fans de Leonardo Padura et de Mario Conde (dont je fais partie! ) se réjouissent : un dixième tome des aventures du célèbre privé cubain sort chez Métailié. (© photo Actualitté)
Depuis plusieurs années, The Old Lockup Gallery organise une exposition de cartes postales d’artistes avec un succès grandissant. Le principe : les artistes qui le désirent peuvent envoyer une ou plusieurs créations de la taille d’une carte postale. Ces cartes sont toutes vendues au même prix, et les bénéfices vont au soutien financier de la galerie. Cela permet de proposer un art abordable, de faire connaitre des artistes, de sensibiliser les visiteurs à la création et de tisser des liens entre la galerie et les artistes qui participent parfois à une exposition de leurs œuvres. Je trouve que c’est une belle initiative qui mériterait d’être propagée, clonée, développée…
Découvrez les œuvres en papier découpé de Pauline Faure. Des œuvres délicates et minutieuses qui traduisent l’amour de cette artiste pour les cabinets de curiosité et le papier bien sûr!

Ce sera tout pour ce brunch créatif du dimanche. J’espère que cela vous aura inspiré(e) ou donné à penser. J’attends vos commentaires et réactions dans l’espace dédié, ci-dessous! Au plaisir de vous lire!
Bon dimanche,
Gwenaëlle
C’est très juste, ce que tu écris. Moi aussi, je suis têtue et ai parfois voulu insister (notamment dans une amitié). Mais c’est libératoire lorsqu’on comprends qu’il faut passer à autre chose, continuer et que d’autres belles choses peuvent survenir.
Merci à toi! Je me sens moins seule! 😉 Tu as raison, c’est toujours mieux de se focaliser sur tout ce qui peut survenir plutôt que sur la perte ou la fin…
Bonjour Gwenaëlle.
J’aime beaucoup la façon dont tu parles du lâcher prise pour accepter la fin des choses qui laissent place à d’autres.
En te lisant, je me rends compte que bien que ne m’étant jamais interrogée, je fonctionne depuis toujours dans ce mode de “flux” que je laisse couler. Les ressentis douloureux sont présents bien entendu, mais en effet, je laisse couler le flot sans chercher à l’endiguer. On supporte mieux les aléas de la vie lorsqu’on ne s’y cramponne pas.
Bonne fin de WE.
Merci pour ton commentaire Dominique. C’est une chance de “fonctionner” ainsi d’emblée! 😃